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le génial film « Les Héritiers » qui vient de sortir en salle a été écrit par un jeune de banlieue

par Marie

Publie le samedi 6 décembre 2014 par Marie - Open-Publishing
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Allez voir le génial film « Les Héritiers » qui vient de sortir en salle ! Ecrit par un jeune de banlieue qui a vraiment vécu l’histoire incroyable du film.

Le film, « Les Héritiers » de Marie-Castille Mention-Schaar a été écrit principalement par Ahmed Dramé, un ancien élève d’une classe de seconde d’un lycée de banlieue, la plus mauvaise, et dont les élèves créaient le plus de problèmes dans l’établissement… jusqu’à ce qu’une prof d’histoire et géo ait l’idée géniale de leur faire préparer et passer le Concours national de la Résistance et de la Déportation. Cela va tous les transformer. Vous verrez, ce film vous prendra aux tripes !
Dans ce film, Ahmed Dramé y joue son propre rôle sous le prénom Malik.

Voici, plus bas, un extrait d’un dossier de presse où Ahmed Dramé s’exprime et explique la genèse de cette histoire incroyable qu’il a vécue et qui lui a inspiré le scénario du film.
Entretien avec Ahmed Dramé
Ahmed Dramé, vous avez co‐écrit ce film et vous jouez un des élèves. Pouvez‐vous nous raconter cette aventure ?
J’ai été dans cette classe de seconde en 2009, j’ai vécu cette histoire, elle m’a
métamorphosé. La participation au Concours national de la résistance et la déportation a
changé ma vie, comme celle des autres élèves. Mais c’est surtout la rencontre avec
Madame Anglès – rebaptisée Madame Gueguen dans le film. Pour bien expliquer, il faut
que je remonte à ma vie d’avant. Quand je suis arrivé au collège Léon Blum, je ne
connaissais personne. En troisième, malgré une moyenne générale honorable, les
enseignants avaient décidé que je ne passerais pas le bac général, que je n’étais pas fait
pour les études, comme cela arrive souvent lorsqu’on ne vient pas d’un milieu privilégié.
Ma mère s’est vraiment battue pour que je change d’orientation et que je sois pris au
lycée Léon Blum. Donc, j’arrive avec une certaine tension, et la crainte de ne pas être à
ma place, de ne pas être au niveau. La rencontre avec Madame Anglès, la prof d’Histoire,
qui était aussi notre prof principale, a été fondamentale. Elle était ferme, et on avait
envie de l’écouter. Après la rentrée, pendant un mois, la prof s’absente à la suite du
décès de sa mère. Pendant cette période, on devient franchement agités. Les sanctions
pleuvent. Il y a deux exclusions temporaires. On est la pire des secondes, les brebis
galeuses du lycée En même temps, j’avais toujours été dans des classes difficiles, donc ça
ne me changeait pas trop. Et là, c’est exactement comme dans le film, il y avait sept
éléments moteurs, mais on fait mener une sale vie à la remplaçante. Madame Anglès est
revenue, elle a préféré nous proposer ce concours plutôt que de nous enfoncer. Contre
l’avis du proviseur, qui aurait aimé qu’elle choisisse la classe européenne.

Comment la classe a réagi ?
Il y a eu des réflexions débiles du genre : « Madame, il y en a marre de la Shoah, pourquoi
est‐ce qu’on parle tout le temps des Juifs ? » A l’annonce de la proposition, je suis resté
neutre. Je ne dis pas que j’ai envie de le faire. Je ne dis pas non plus que je n’ai pas envie.
On est facilement influencé à 16 ans. J’ai préféré me laisser un temps de réflexion. C’est
un copain du quartier, Joe, qui était prof d’histoire géo dans un lycée privé Juif et qui
jouait au foot avec les gosses du quartier, qui m’a convaincu. Le thème nous terrorisait :
« Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi. ». C’est un sujet
très dur. On avait peur de ne pas être à la hauteur. Madame Anglès semblait avoir
confiance en nous. Assez vite, on a senti qu’on lui « devait » le concours. Il fallait qu’elle
soit fière de nous. On allait bosser.

Qu’est‐ce que participer au concours national de la résistance et de la déportation
a provoqué ?
Déjà, on a pu rencontrer des personnes extraordinaires, comme Léon Zyguel. Mais
c’était aussi la première fois qu’on travaillait vraiment en groupe. Il y a eu des moments
de découragement. La prof nous a même dit qu’elle pensait s’être trompée sur notre
compte. On se reprochait des vols d’idées, on n’arrivait pas à comprendre qu’on
travaillait pour un même but. Le déclic, ça a été la rencontre avec Léon Zyguel, quand il
nous a raconté sa vie dans les camps, et son arrestation quand il avait notre âge. Il y a
vraiment eu un avant et un après Léon.

Qu’est‐ce qui a le plus étonné cette classe ?
Déjà qu’il existe pour de vrai ! Ca fait très bizarre de rencontrer quelqu’un qui a vécu
cette époque. On s’attendait qu’un ancien déporté soit forcément lointain et froid, au
plus loin de nous. Léon nous a tout de suite mis à l’aise, grâce à son humour. Quand on
entend une telle parole, on n’a plus d’excuses pour ne pas travailler et se plaindre. Il
avait notre âge quand il a été déporté. Quand on lui parle, on n’a pas le sentiment de
quelqu’un d’âgé. Grâce à la préparation du concours, on a découvert plein de trucs. Par
exemple que les enfants et les personnes déportées n’étaient pas forcément juifs, mais
aussi tziganes ou homosexuels.

Le concours a‐t‐il modifié en profondeur l’avenir de cette classe ?
De mauvais élèves insupportables pour la plupart, on est devenu super motivés. On est
arrivés en classe de première avec une énorme confiance en nous ! On a appris à
travailler. Et à aimer ça.

Vous en êtes la preuve, puisque dès l’année d’après, vous commencez à écrire un scénario ! Comment est née l’envie d’écrire ?
Après la réussite du concours, je me suis senti capable de beaucoup. Avec un copain, on
s’était présenté à un casting. J’ai rencontré un agent, et à cette occasion, j’ai découvert
que les films se tournaient avec des scénarios. Je ne le savais pas, ou n’y avait jamais
réfléchi ! Je me suis mis à passer des castings et à en rater certain, avant d’être choisi
pour un rôle principal dans LES PETITS PRINCES, avec Eddy Mitchell. Je me suis dit :
Ahmed, pourquoi tu n’écris pas ton propre film ? J’avais remarqué que tous les gens qui
percent et qui viennent de banlieue, se lancent dans la comédie. Un jeune de banlieue,
c’est forcément un comique ! Pour moi, c’était important d’écrire quelque chose de
sérieux. En tant que futur acteur, j’avais envie de films approfondis, des polars, des films
qui parlent de politique, des films qui font réfléchir ! J’ai d’abord écrit le scénario
uniquement pour moi, comme un défi.

Plus j’avançais, plus je me disais que ce serait bien d’avoir des avis professionnels. J’avais été impressionné par LA JOURNEE DE LA JUPE, avec Isabelle Adjani de Jean‐Paul Lilienfeld, donc je l’ai contacté. Il a accepté de me lire et m’a rappelé : « Ecoute Ahmed, je ne peux pas te permettre de présenter un scénario comme ça. » Du coup, je l’ai développé et je l’ai présenté à des maisons de production. J’étais jeune, 17 ans, je n’avais rien fait. Je recevais des réponses négatives polies quand on me répondait. Je venais de voir MA PREMIERE FOIS, de Marie‐Castille Mention‐Schaar, c’était un beau film romantique, j’ai cherché son mail par tous les moyens. Elle me répond le lendemain‐même : « Ecoute Ahmed, je suis à New York, envoie moi ton scénario, s’il m’intéresse, j’accepterais de te rencontrer. »

Lors de la première rencontre, Marie‐Castille m’a fait parler de moi pendant plus deux heures. Elle me posait des questions sur l’histoire que je lui avais envoyé. « Le Vrai Combat » C’était celle d’un concours de lettres. Dans une classe de terminale au lycée Pasteur. Avec un prof de lettres issu de l’immigration. A la fin, elle m’a dit : « Dis moi ce que tu veux ce que je fasse pour toi. Tu veux que je produise ton film ? Tu veux que je t’aide à le réécrire Tu veux que je le réalise ? »
J’étais sidéré que mon rêve devienne réalité. Je lui ai dit oui, à tout, mais sans comprendre ces questions. Je n’y avais pas réfléchi. J’avais du mal à croire que ce qui était en train de m’arriver était vrai. C’est bizarre, je ne ressentais aucune joie. J’étais sonné. Puis je me suis dit : « Ahmed, ne va pas te brûler les ailes. Tu es encore très jeune, tu as le temps d’apprendre. Réaliser, tu ne l’as jamais fait. Ca fait trop pour toi. »

Comment s’est constitué le travail en commun avec Marie‐Castille Mention‐
Schaar ?
On a formé un duo. Nous avons beaucoup parlé. Marie‐Castille prenait des notes. Elle
m’interrogeait beaucoup sur mes souvenirs. Sur les reactions des uns et des autres. Ou
comment ils auraient réagi. Nous sommes arrivés à une liste de personnages. Certains
étaient la somme de plusieurs personnes dans ma classe. Au lycée Léon Blum, personne
n’était au courant de notre projet. Pour moi, l’écriture du scénario et la préparation du
tournage étaient déjà une belle revanche par rapport à tous les a priori des profs et du
proviseur sur notre classe, la pire du lycée mais lauréate du concours. Je suis très fier
d’avoir rendu cet hommage à mes camarades, au lycée, à Madame Anglès.

Comment s’est passé le tournage ?
Il y avait beaucoup de souvenirs qui remontaient à la surface. J’étais pas toujours très
sérieux. Je jouais mon propre rôle mais Marie‐Castille a tenu à le rendre différent pour
que j’ai aussi à interpréter des choses. Ce qui m’a surpris, c’est de revivre des histoires
que j’avais déjà vécues. Et ce qui me fait le plus plaisir aujourd’hui, c’est de montrer à ma
mère cette classe de seconde et qu’elle puisse être fière de s’être battue pour que je sois
inscris au lycée Léon Blum. Toute sa vie, elle s’est dévouée pour ses enfants. Je suis le
premier enfant de toute ma famille à avoir le bac.

Quelles ont été vos relations avec Marie‐Castille Mention‐Schaar et Ariane
Ascaride ?
Aujourd’hui, je considère Marie‐Castille comme ma deuxième maman. Quant à Ariane
Ascaride, j’ai pleuré à son départ. Pendant toute la durée du tournage, on a oublié qu’elle
était actrice, on ne voyait que la prof. Il y a même eu des jours, où les élèves étaient
insupportables et c’est Ariane, qui, comme une prof, les obligeait au calme. Personne
n’osait aller au clash avec elle.

Il y a une scène où elle dit : « J’ai raison et tu as tort. » Que pensez‐vous de ce type d’argument ?
C’est le discours habituel. « Non, tu ne fais pas ça parce que c’est comme ça. » Elle le dit
lorsqu’une élève a oublié de faire valider sa carte de cantine et se demande comment
elle va faire pour manger. Moi‐même, ça a du m’arriver cinquante fois ! L’argument
d’autorité n’est pas forcément valable. C’était dur, avec Madame Anglès. Mais on lui
obéissait. Certainement parce qu’on avait senti dès le début qu’elle nous aimait.

Le concours national de la Résistance et de la Déportation
« Le Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) a été créé
officiellement en 1961 par Lucien Paye, ministre de l’éducation nationale, à la suite
d’initiatives d’associations et particulièrement de la Confédération nationale des
combattants volontaires de la Résistance.

Il a pour objectif principal de transmettre des valeurs qui se rattachent aux droits de
l’Homme et aux principes de la démocratie et permet aux collégiens et aux lycéens d’en
mesurer leur pertinence et leur modernité. La participation à ce concours donne
l’occasion aux élèves de rencontrer directement résistants et déportés et d’établir à ce
titre un lien tangible entre les générations.

Depuis 2000, le concours national de la Résistance et de la Déportation est une des
composantes de la politique de mémoire du ministère de l’éducation nationale en
partenariat avec le ministère de la défense.
Le Concours National de la Résistance et de la Déportation est le premier concours
scolaire en France dans le domaine de la mémoire. En 2012‐2013, plus de 40 000 élèves
y ont participé.

Pour la session 2014‐2015 du concours, les élèves seront invités à travailler sur le
thème "La libération des camps nazis, le retour des déportés et la découverte de
l’univers concentrationnaire". »
http://www.cndp.fr/cnrd

source extrait du dossier de presse : http://www.ugcdistribution.fr/lesheritiers-enseignants/download/ddp_lesheritiers_3dec.pdf

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