Accueil > Scènes d’émeutes à Oran (Algérie)
Lors des échauffourées suite à la démolition d’habitations à Oran (Algérie)
:
Un adolescent meurt électrocuté et plusieurs manifestants sont blessés
(Le Quotidien d’Oran, Mercredi 7 mai 2003)
Des scènes récurrentes qui se poursuivent dans la localité de Sidi El Bachir
rappellent étrangement celles des Palestiniens de la bande de Ghaza. C’est
en tout cas l’avis des Oranais qui, depuis mardi dernier, jour où ont
commencé les démolitions de 60 habitations illicites, commentent ces
événements avec une certaine dose d’amertume. Dimanche dernier encore, avec
la démolition de 190 autres habitations illicites situées dans les douars
Belgaïd et Sidi El Bachir, les esprits se sont échauffés de nouveau. De
graves échauffourées ont, alors, éclaté entre les policiers présents en
force et les habitants de ces localités qui ont opposé une farouche
résistance à la démolition de leur habitation. Des projectiles de toutes
sortes ont été lancés sur les policiers anti-émeute et les voies menant à
cette localité ont été barricadées par les manifestants en colère. D’autres
ont refusé de quitter leur domicile et ont été délogés par la force. Des
policiers ont été blessés alors qu’ils tentaient de faire descendre un jeune
citoyen du toit de sa baraque, nous dit-on. Des scènes dignes du quotidien
des Palestiniens face à l’occupant. En effet, les citoyens, femmes,
vieillards, jeunes et enfants déversaient leur haine sur les policiers venus
assurer la couverture sécuritaire des bulldozers de la daïra de Bir El Djir.
Bilan de ces escarmouches, un jeune enfant mourra électrocuté au moment où
sa maison sera détruite par un bulldozer. D’autres manifestants seront
blessés suite à des tirs, par les policiers, de bombes lacrymogènes. Des
ambulances présentes sur les lieux ont effectué des rotations. Une femme
enceinte a même accouché en plein air. Du jour au lendemain, ces petites
gens se retrouvent à la rue sans toit ni adresse. D’aucuns se sont
interrogés sur le pourquoi d’un tel scénario et pourquoi la situation a
dégénéré de la sorte. Comment peut-on détruire des habitations appartenant à
des gens pourtant défendus et protégés dans les discours électoraux et
politiques officiels du pays ? Le chef de daïra de Bir El Djir qui a refusé
de recevoir les journalistes pour des raisons évidentes a estimé que ces
gens n’avaient qu’à retourner d’où ils viennent. Mais que dire de ces
familles de grands martyrs d’Oran et d’anciennes familles d’Oran qui ont vu
leurs habitations rasées ? L’histoire de ces citoyens qui ont élu domicile
dans cette partie est de la wilaya est celle d’une multitude de promesses et
d’une série de trahisons de la part des élus et des responsables locaux. « Il
n’y a pas longtemps, on nous avait promis que nos situations allaient être
régularisées juste après les deux élections écoulées », note un citoyen,
désabusé. Pourquoi en est-on arrivé à un stade où un citoyen père de famille
sans histoires a tenté de s’immoler pour tenter de sauver sa maison de la
destruction, en vain. « Nous avons acheté ces lots de terrain au prix fort.
Toutes nos économies y sont passées. Maintenant nous n’avons plus où aller »,
note un citoyen rencontré, hier, sur les lieux où des tentes et des baraques
de fortune se sont érigées sur les amas des constructions détruites. Notons
que les forces de sécurité ont opéré plus d’une vingtaine d’arrestations
dans les rangs des émeutiers depuis le début des hostilités mardi dernier.
D’aucuns se sont interrogés sur le silence complice des autorités au sujet
de ces constructions somptueuses et illicites sur tout le territoire de la
wilaya, recensées par les services compétents et dont la démolition est
toujours gelée, voire annulée pour certaines.