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Hors les lois et la servitude (Marius et les travailleurs de la nuit) Film
par Nemo3637
Publie le lundi 6 août 2012 par Nemo3637 - Open-PublishingEvoquer un personnage ou un évènement de l’Histoire par le cinéma est toujours une gageure. Et quand on a compris que l’objectivité n’existe pas il faut en prendre son parti et accepter une vision d’un pan de l’histoire comme appréciation pertinente, véridique mais personnelle d’un artiste.
Dans le cas de Marius Jacob, le voleur anarchiste, il est compréhensible que Michel Mathurin, le réalisateur de ce film fiction, "Hors les lois et la servitude (Marius et les travailleurs de la nuit)", ait eu le projet d’aller à contre-courant de ce qui avait déjà été dit, écrit et filmé sur le personnage. Le génial "travailleur de la nuit" servit en effet de modèle à l’Arsène Lupin de Maurice Leblanc qui en retint l’astuce et le côté "gentleman" du cambrioleur.
Marius Jacob, tout en mettant en coupe réglée une ville comme Amiens, était animé d’un idéal. Il prétendit, lui et ses compagnons, montrer par l’exemple que la propriété pouvait être abolie et que la répartition des richesses n’était que justice. La bande ne gardait qu’une faible partie des fruits du butin. Ceux-ci étaient distribués aux pauvres, à des organismes de charité, à des groupements amis.
Certaines actions et menées sont ainsi décrites en détail dans ce film. Mais on laisse essentiellement la parole à Marius et ses compagnons qui par leurs discours et leurs chants énoncent leur vision d’un autre monde. Pour une fois nous voyons aborder un point de vue inédit à travers un film, celui des anarchistes eux-mêmes.
Les décors et la mise en scène sont soignés, reconstituant des rues de Marseille ou de Toulouse par exemple au début du XXe siècle.
Les acteurs principaux sont Francis Ferrié et Karine Hardy. Le premier, artiste accompli, comédien et musicien par ailleurs, interprète avec justesse un Marius Jacob jeune, audacieux, enthousiaste, habité par une morale et la perspective d’un monde nouveau. Autant dire qu’il jure avec l’air du temps présent !
Quant à la seconde, elle s’affirme par son jeu et une personnalité nécessaire à un rôle où l’on défend la cause des femmes.
Mais on devrait mentionner tous les autres acteurs, ainsi que nombre de figurants, qui ont su donner à ce film un parfait cachet d’authenticité.
L’équipe de tournage et tous ceux qui ont participé à la mise en forme définitive du film doivent être salué pour leur sens de l’engagement désintéressé.
On remarquera peut-être dans ce film une certaine théâtralité. Mais à notre avis, ce trait correspond bien à l’époque où l’on appréciait les déclamations et les effets oratoires.
Les derniers moments de Jacob, peu avant son suicide à 75 ans se devaient d’être évoqués. Le personnage âgé, refusant la déchéance physique de la vieillesse, est alors remarquablement interprété, tout en silence, par Michel Debronde.
On trouvera le site du film sur internet (www.mariusjacob-lefilm.fr/) les dates et lieux de ses prochaines projections publiques